Ramon Marti Solano : Le Plurilinguisme en Europe et dans le monde universitaire français, la sur-repésentation de l’anglais comme point faible des politiques linguistiques
Ramon Marti Solano : Le Plurilinguisme en Europe et dans le monde universitaire français, la sur-repésentation de l’anglais comme point faible des politiques linguistiques
D’abord, il faut comprendre qu’une langue parlée par une large population dans le monde n’en fait pas automatiquement une langue internationale. Le chinois est une langue parlée en Chine et à Taiwan mais au-delà de ces deux Etats cette langue n’est pas parlée. Ce qui caractérise une langue internationale c’est sa capacité à être une langue intercontinentale. En Europe, l’Union Européenne promeut le développement du plurilinguisme au sein des Etats membres.
Ensuite, il faut faire une distinction entre le concept de plurilinguisme et de multilinguisme, le plurilinguisme c’est l’usage de plusieurs langues et cultures par un même individu alors que le multilinguisme renvoi à la coexistence de plusieurs langues au sein d’un même groupe social.
Depuis 1984, et puis particulièrement depuis la résolution de 1995 du Conseil de l’Europe, les Etats européens s’attachent à développer l’apprentissage des langues étrangères au sein de leur système éducatif. En France, cette politique est largement représentée au travers de l’apprentissage des langues vivantes au collège et au lycée avec une sur-représentation de l’anglais en LV1. Pourtant, si 85% des enfants entrant en 6ème choisissent l’anglais en LV1 seul 10% s’en serviront à l’âge adulte. De plus, seul 35% des échanges sur internet se font en anglais, le reste se fait dans d’autres langues. L’anglais a donc une place privilégiée mais qui ne correspond pas entièrement à son utilité réelle dans la vie quotidienne et professionnelle. D’autant que l’anglais couramment utilisé n’est pas de l’anglais à proprement parlé mais une forme vernaculaire de la langue qui se borne à des usages d’intercompréhension. On appelle cela le globish.
Nous en venons à un angle mort de la politique linguistique française, du fait de la proximité entre les français et les autres langues romanes comme l’italien, l’espagnol ou le portugais il aurait plus judicieux de développer des compétences en langues romanes en priorité plutôt que de développer des compétences en anglais. A titre d’exemple, l’espagnol et le portugais possèdent un point commun avec le français c’est que ce sont deux langues qui ont été diffusée au travers des anciens empires coloniaux. De fait, l’apprentissage de l’espagnol permet de pouvoir communiquer en Espagne mais aussi aux Etats-Unis, Mexique et dans la quasi-totalité des pays d’Amérique Latine. L’anglais est une langue qui demeure pertinent dans l’intercompréhension des langues romanes, ces dernières ont des différences de prononciation notamment et l’usage de l’anglais permet à un espagnol et à italien (par exemple) de ce faire parfaitement comprendre sans utiliser leurs langues natales qui ont certaines distinctions notables qui brouilleraient l’intercompréhension. Cette pertinence de l’anglais ne pas faire oublier la pertinence de développer un apprentissage des liens entre les langues romanes afin de faciliter leurs usages et leurs compréhensions, c’est justement parce que cet apprentissage est manquant que l’anglais demeure la solution privilégiée.